Bientôt des élections législatives

          Dimanche prochain 14 novembre auront lieu les élections au Parlement argentin. Les électeurs seront appelés à renouveler pour partie à la fois l’Assemblée nationale et le Sénat (Contrairement à la France, les sénateurs sont élus au suffrage universel direct).

          Les sénateurs Argentins sont comme les nôtres élus pour six ans. Ils sont au nombre de 72, soit trois par région. Le sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans.

          La Chambre des députés compte quant à elle 257 élus nationaux, élus pour quatre ans. Elle est renouvelée par moitié tous les deux ans.
Par ailleurs, un système mis en place depuis 2009 impose à tous les partis une élection primaire quelques semaines avant a date des élections officielles. Ceci afin, d’une part, d’éliminer tous les partis obtenant moins de 5% des voix, et d’autre part, de départager les éventuels concurrents à l’intérieur des partis en présence. Ces primaires sont connues sous l’acronyme de PASO (primarias abiertas simultáneas obligatorias). Voir notre précédent article «un curieux système électoral».

          Ces élections primaires, qui se sont déroulées en septembre dernier, ont donné une nette avance à l’opposition de droite et du centre, contre l’actuel gouvernement péroniste d’Alberto Fernández. En général, les résultats se voient confirmés lors des élections officielles.

          Selon le quotidien La Prensa, l’issue ne fait pas de doute : la majorité actuelle va changer au Parlement, et nettement. La seule incertitude concerne la réaction des deux principaux dirigeants péronistes : le président Alberto Fernández et la vice-présidente Cristina Kirchner. Leur rivalité est connue, et on se demande seulement lequel des deux profitera de la défaite pour écarter l’autre. Dans La Nación, l’économiste Roberto Cachanosky ne dit pas autre chose, jugeant cette rivalité mortifère autant pour le parti péroniste («Aucune personnalité de prestige n’acceptera de participer à un tel gouvernement») que pour le pays. («Qui peut assurer que l’Argentin moyen pourra supporter deux ans de plus de cette folie ?»). Il faut dire que le pays est enseveli sous une dette énorme vis-à-vis du FMI, que sa monnaie, le peso, est en chute libre (ce qui ne date pas de ce gouvernement, d’ailleurs, mais de bien avant) et l’inflation galopante. Avec tout cela, difficile d’espérer l’aide d’investisseurs étrangers pour relancer la machine.

          Côté opposition, un des leaders, l’ancien président Mauricio Macri, est actuellement pris dans une affaire judiciaire pour détournement de fonds publics durant son mandat : une partie des fonds délivrés par le FMI auraient été versée à des banques privés pour faciliter leur évasion fiscale. D’après Pagina/12, 44 milliards de dollars, pas moins. Sans parler d’une autre affaire, d’écoutes illégales de familles de victimes du naufrage dramatique d’un sous-marin militaire, le «San Juan».

          En réalité, vue de notre Europe peu familiarisée avec le duel éternel péronisme-anti péronisme, la situation de nos amis Argentins paraît plutôt désespérée. Quelque soit l’issue de ces élections – et la victoire de l’opposition de droite est plus que probable – les problèmes demeureront. Dette stratosphérique, empilée par pratiquement tous les gouvernements successifs depuis la fin de la dictature, et même bien avant, chômage endémique, bas salaires, précarité, dévaluation monétaire et hausse des prix, on n’arrêterait pas d’égrener la liste des problèmes économiques et sociaux qui accablent le pays, sans qu’aucune perspective politique un tant soit peu porteuse d’espoir se fasse jour. Ce sera même probablement pire après le 14 novembre, puisque le gouvernement devra composer avec un parlement défavorable, et une opposition que fera tout pour entraver son action et le pousser à la faute. On peut penser que, comme souvent, la rue deviendra le théâtre d’affrontements partisans, et que les mouvements sociaux, d’un côté comme de l’autre, vont se multiplier. Ce qui ne contribuera qu’à dégrader la situation.

          Dans ce pays, il paraît impossible d’imaginer une classe politique luttant pour le bien public. Ce qui compte, c’est le pouvoir, et l’argent qu’il attire dans les poches des élus. Qu’ils soient péronistes, «kirchneristes» (la tendance péroniste proche de Cristina Kirchner, la vice-présidente), libéraux, conservateurs ou mêmes nostalgiques de la dictature (il y en a pas mal encore), aucun ne porte une vision saine de la politique et de l’administration publique. L’écologie politique est inexistante, il en va de même pour ce que nous Européens appelons «la gauche», diluée dans le péronisme.

          Rendez-vous le 15 novembre, après les résultats. Mais il semble bien que jamais élections législatives n’auront été moins porteuses d’espoir pour le peuple argentin dans son ensemble.

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