Bars remarquables à Buenos Aires

Aujourd’hui, je vous propose d’aller faire la tournée des bars.

En effet, parmi les différentes curiosités à ne pas manquer à Buenos Aires, outre les fanions habituels que de toute façon vous ne raterez jamais, car ceux-là, on en parle partout, il y a un circuit balisé qui contentera tous les amateurs de plaisirs un tantinet rétros, mais eux, parfaitement authentiques.

La capitale argentine s’est dotée d’un label spécifique : les bars, ou cafés, «notables». A savoir, tout une liste de bars, de cafés, de brasseries et de «confiterías» anciens ou plus récents, conservés dans leur décor historique et distingués pour cela et/ou pour leur architecture ou leur importance culturelle et sociale. Leur nombre est assez conséquent: on compte un peu plus de 60 lieux labellisés !

On a donc que m’embarras du choix, et du quartier, puisqu’ils sont dispersés sur à peu près toute l’agglomération.

Naturellement, je ne les ai pas tous visités ! A mon actif, je n’en compte qu’une quinzaine, ce qui n’est déjà pas mal ! (Et sans excès, c’est juré. D’autant que la plupart font aussi restaurant !).

Il serait long et un peu fastidieux, sans doute, de brosser le portrait de chacun en l’assortissant d’un (même bref) historique. Je vous ai déjà parlé dans ce blog du fameux «La Biela», où les écrivains Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares avaient l’habitude de se retrouver.

Borges était également habitué d’un autre bar fameux, le «Tortoni», situé non loin du Palais présidentiel, avenue de Mayo. Celui-ci peut-être comparé, dans l’esprit plus que dans le décor, au parisien «Café de flore».

Le Tortoni, avant de devenir un lieu de pèlerinage purement touristique, a longtemps été le rendez-vous de tout ce que Buenos Aires comptait d’intellectuels, de poètes, de chanteurs et autres célébrités, qu’à défaut de pouvoir encore rencontrer assis à une des tables, on croise désormais accrochés aux murs du petit musée du souvenir qu’il renferme. Voir plus bas, n°4.

En voici quelques uns, en images, avec la certitude qu’ils vous donneront envie d’en pousser la porte, à l’occasion d’un prochain voyage au pays des gauchos. Bon, peut-être seulement quand Milei aura été débarqué du Palais présidentiel, on va devoir patienter un peu avant que le pays revienne au calme et à la stabilité politique et économique, mais après lui, les bars remarquables seront toujours là ! Enfin, on peut espérer qu’au moins ça, il n’y touchera pas !

1. Le Federal (1864)

Situé dans le quartier historique de San Telmo, qui compte plusieurs de ces bars remarquables. Fin XIXème, ce bar était noté comme «magasin/débit de boissons», car il faisait également ce qu’on appellerait chez nous «épicerie». Ce n’est plus le cas aujourd’hui, c’est un bar-brasserie. Outre le mobilier ancien, tout en bois, on notera le comptoir atypique et très ouvragé, ainsi qu’aux murs, une formidable collection de publicités anciennes. Adresse : coin des rues Carlos Calvo et Perú.

 

2. Café de la Poesía (1982)

Même quartier, cette fois au coin (en Argentine, les bars sont très souvent au coin) des rues Chile et Bolívar. Celui-là est nettement plus récent que les autres, mais il a la particularité, comme son nom l’indique, d’avoir été le rendez-vous des plus grands poètes argentins, comme Juan Gelman, Olga Orozco ou Alejandra Pizarnik. Il a d’ailleurs été fondé par l’un d’entre eux, Rubén Derlis (1938). Très beau décor également, une des chouettes ambiances du quartier.

3. Bar musée « Simik », appelé aussi «Bar Palacio» (Début XXème – 2001)

On change complètement de quartier, pour se transplanter non loin du célèbre cimetière de la Chacarita, pendant plus populaire de celui de la Recoleta, le Père-Lachaise argentin. Ce bar est une véritable caverne d’Ali Baba des amateurs de photographie. Il expose, tant dans les vitrines qui servent à cloisonner de petites alcôves discrètes qu’à l’intérieur même des tables vitrées, une impressionnante collection d’appareils de tous genres et toutes époques. S’il ne propose plus d’ateliers-photo comme autrefois, il s’y organise régulièrement des expositions temporaires et des conférences. Le bar lui-même, appelé Bar Palacio,  existe depuis le début du XXème siècle ; sa version «musée-photo», elle, a été aménagée en 2001 par le photographe Alejandro Simik. Adresse : coin des rues Federico Lacroze et Fraga (Voir aussi la première photo de l’article).

4. Le Tortoni (1855)

S’il n’y en avait qu’un à visiter, ce serait celui-là. Le plus ancien (parait-il) et surtout le plus célèbre. Comme je le disais en introduction, on pourrait le comparer au «Flore» de Paris. En vous installant à une des tables, il y a des chances pour que vous posiez vos postérieurs sur la même chaise que, pêle-mêle, Julio Cortazar, Jorge Luis Borges, Luigi Pirandello, Federico García Lorca, Carlos Gardel ou Arthur Rubinstein. Excusez du peu. Bon, maintenant, vous allez surtout vous asseoir au milieu des autres touristes, et parfois après avoir fait la queue pendant trois bons quarts d’heure sur le trottoir. Lui aussi est devenu une sorte de musée. A noter quand même qu’on peut y assister à des spectacles de tango, certains soirs.

5. Confitería Ideal (1912)

C’est le moment d’expliquer ce qu’est, en Argentine, une « confitería ». Rien à voir avec une confiserie, ou un marchand de confitures. Une confitería, c’est un genre de salon de thé. En général, un local présentant un cachet supérieur à celui d’un bar ou d’une brasserie ordinaires. Il en existe tout un tas à Buenos Aires. Voir plus bas également la confitería «Las Violetas». La Ideal a été conçue au départ comme un bar glacier. Puis, dans les années 70, on l’a transformée un temps en salle de bal, profitant de la surface immense de sa salle principale. Le cinéaste Alan Parker s’en est servi de décor pour son film « Evita » sur Eva Perón, avec Madonna dans le rôle-titre. On la trouve en plein centre, dans la rue Suipacha, à deux pas de l’obélisque de l’Avenue du 9 de julio.

6. El Gato negro (1927)

Ce n’est pas à proprement parler un bar, mais d’abord et avant tout, une boutique historique d’épices, de café et de thé. Mais le local possède quelques tables, et fait salon de thé. On y déguste pâtisseries et tous types de boissons en humant les parfums des produits en vente dans la boutique, c’est très agréable. La déco n’a pas changé depuis sa fondation, et si vous cherchez des idées de cadeaux sympas et pas trop chers, c’est ici ! Sur l’avenue Corrientes (n° 1669), le Broadway local, avenue des théâtres, des cinémas et des bouquinistes.

7. Confitería Las Violetas (1884)

On dit que c’est l’endroit préféré des Portègnes, les habitants de Buenos Aires. C’est quand même assez éloigné du centre, ceci dit. Mais ça vaut le détour, c’est absolument magnifique. Vitraux, boiseries, marbre et mobilier parisien. Un monument historique entre tous. Élue plus beau bar remarquable de Buenos Aires en 2017. Comme le Tortoni, c’est souvent bondé. Mais on ne fait pas la queue. Adresse : coin des Avenues Medrano et Rivadavia. Station de métro Castro Barros, direct par la ligne A depuis la Plaza de mayo.

8. Le Petit Colón (1978)

C’est un de mes préférés, avec le Federal et la Biela. Pas très ancien, mais pourtant, on dirait bien. Situé, comme son nom l’indique, tout près du teatro Colón, le principal théâtre de la ville. Très parisien dans l’esprit, avec ses boiseries, son bar mi-granit mi-bois, et ses guéridons.

9. Paulín (1988)

Celui-ci non plus n’est pas très ancien, mais j’adore son ambiance. Le lieu est très atypique : le bar en grand U occupe tout le centre de la salle étroite, et on s’installe sur des tabourets tout autour pour consommer tapas, sandwiches et boissons. Ils ont une excellente cave à vins, qui vous fera faire le tour des meilleurs crus argentins ! Celui-là est en plein centre, presque au coin de la rue Sarmiento et de la célèbre rue piétonne et commerçante Florida.

10. Bar Sur (1967)

Le plus mythique de tous les bars de tango. Situé à la lisière du quartier San Telmo, on peut y assister à des spectacles tous les soirs, jusqu’au petites heures du matin. L’écrivain Espagnol Manuel Vazquez Montalbán en a fait un des décors principaux de son roman «Le quintette de Buenos Aires» (Série Pepe Carvalho). Le célèbre détective vient y écouter régulièrement la chanteuse Adriana Varela. C’est assez petit, et donc très intimiste.

 

Voilà pour un petit échantillon des «bô bars» de la capitale argentine. Vous pourrez en retrouver bien d’autres sur ce site : https://turismo.buenosaires.gob.ar/es/article/bares-notables, que je vous invite à consulter, même si les courts résumés de présentation sont, évidemment, en espagnol. Mais là, la liste est -presque – exhaustive !

 

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