On me dira, un auteur né en 1900 et mort en 1942, bonjour la découverte ! Je suis bien d’accord, Roberto Arlt, auteur d’origine germano-italienne, n’est pas un petit nouveau sur le marché littéraire argentin. Mais je suis à peu près sûr de mon coup : personne ici, ou presque, n’en aura entendu parler.
Il faut dire que décéder à 42 ans (crise cardiaque), ça ne laisse pas vraiment le temps d’empiler une œuvre bien conséquente. Mais la sienne n’en a pas moins marqué profondément l’histoire littéraire de son pays. Il a publié en tout 5 romans (tous traduits en français, ce qui est tout de même à noter), 7 pièces de théâtre et 2 recueils de nouvelles. Sans parler des publications posthumes, recueillies à partir de textes retrouvés.
Il fait donc incontestablement partie des écrivains argentins majeurs du XXème siècle, et, de vivre plus longtemps, aurait sans doute été inclus dans la liste des classiques, au même titre que Borges, Sabato et Cortazar, par exemple. En tout cas, c’est mon avis !
L’œuvre que je préfère, et qui fait partie de mes livres de chevet, pour reprendre cette formule éculée (vous en avez beaucoup, vous, des livres choisis posés en permanence près de votre lit ?), n’est ni un roman ni une pièce de théâtre, mais un recueil de textes écrits pour le quotidien « El Mundo » entre 1928 et 1933, « Aguafuertes porteñas », en français « Eaux-fortes de Buenos-Aires ».
Il s’agit de courtes vignettes décrivant des situations, des personnages typiques, des expressions locales, des comportements sociaux, ou encore l’évolution physique d’une ville qu’il connaissait d’autant mieux qu’il ne l’a pratiquement jamais quittée.
Écrites dans un style très coulé, alerte, à la fois drôle, nostalgique et émouvant, elles sont un témoignage précieux du Buenos Aires des années 30, une ville alors en plein changement dus aux progrès techniques, à l’apport de l’immigration européenne, et aux soubresauts politiques.
Voici le résumé qu’en donne le site « Babelio » :
Écrites entre 1928 et 1933, ces chroniques sont autant d’instantanés, de tableaux courts de la capitale argentine, de ses habitants, de ses coutumes et de son rythme.
Car il y a bien une faune et une flore particulières à l’endroit : ses jeunes oisifs plantés sur leur perron, ses chantiers de construction pillés de leurs briques, ses maisons de tôle ondulée aux couleurs passées.
Chaque curiosité de Buenos Aires fait l’objet d’une eau-forte, petit bijou littéraire savamment rythmé par un auteur qui n’a peur ni des écarts de langage ni des mélanges peu orthodoxes.
Pour (j’espère) vous donner envie, je vous joins quelques extraits ici. Ils sont traduits par mes soins, mais vous trouverez l’ouvrage complet aux éditions Asphalte, avec l’excellente traduction d’Antonia García Castro.
C’était mon petit conseil de lecture pour les vacances !!
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Autres œuvres notables traduites :
Les Sept fous (Ed. Belfond)
Les lance-flammes (Ed. Belfond)