Que retenir des grands titres de la presse argentine en ligne ce jourd’hui 28 mai ?
Le maudit virus fait toujours la une, on s’en doute. Comme partout, et à peu près dans les mêmes termes : en Argentine, on en est à la seconde vague, et les chiffres s’affolent. Clarín signale que le pays vient de franchir la barre des 40 000 cas quotidiens, pour 551 morts jeudi. Avec un pic historique d’admissions en soins intensifs : 6800. 38% des malades proviennent de la province de Buenos Aires, ce qui reste logique compte tenu de ce que le tiers des Argentins réside dans cette région. Selon Clarín, l’Argentine serait le 10ème pays le plus touché au monde.
Le gouvernement est durement critiqué par la presse d’opposition, à la fois pour l’inefficacité d’un confinement pourtant constamment prolongé (mais qui semble devoir s’alléger prochainement), et pour son incapacité à développer une politique vaccinale volontariste. La Nación titre sur «les explications rances d’Alberto Fernández (le président, NDLA) sur cet échec». Et notamment sur la campagne vaccinale, qui reste encalminée. D’après le quotidien conservateur, citant le site «Our World in data», la couverture vaccinale du pays n’excèderait pas 5,5%, à comparer avec ses voisins chilien (41,2%) et uruguayen (28,6%). Alberto Fernández de son côté, critique la firme Pfizer, disant avoir négocié la commande de 14 millions de doses, mais que le laboratoire américain avait exigé des conditions impossibles à satisfaire, et qu’il avait donc dû y renoncer. Selon le président, Pfizer «ne voulait simplement pas que le contrat aboutisse». Pour le moment, les vaccins les plus utilisés par l’Argentine restent donc le Sputnik V russe et le Sinopharm chinois, dont, en ce qui concerne ce dernier, les importations vont reprendre en juin et juillet, après une interruption due à la volonté chinoise de privilégier son propre public.
Comme souvent en Argentine, cette affaire de contrat rompu va se terminer devant les tribunaux. En effet, l’ancienne ministre de droite Patricia Bullrich a accusé le gouvernement d’avoir refusé l’offre de Pfizer par pure idéologie, pour privilégier les solutions russe et chinoise, ainsi qu’un conglomérat argentin associé à Astra Zeneca. Bullrich accuse également le gouvernement d’avoir pratiqué le favoritisme dans la distribution de vaccin, prétendant également que la vaccination était «un cadeau de fonctionnaire généreux», alors qu’il est financé par les deniers de l’Etat. Pire : elle est allée jusqu’à accuser le gouvernement d’avoir exigé des pots de vin de la part de Pfizer. Ce que la firme a aussitôt démenti. Le gouvernement assigne l’ancienne ministre pour diffamation, nous indique Clarín dans son article.
Pour le reste de l’actualité, à signaler que le débat se poursuit entre ministre de l’éducation et Communauté autonome de Buenos Aires (CABA) au sujet de la fermeture des écoles et l’enseignement à distance, le gouverneur de la CABA réaffirmant sa volonté de ne pas se soumettre aux mesures de fermeture décidées par le gouvernement. On se souvient que Buenos Aires avait porté l’affaire devant les tribunaux (eh oui, encore et toujours), et avait obtenu gain de cause, forçant la réouverture des établissements scolaires. (Voir notre article du 19 avril). Eh bien un groupe de juristes vient de porter plainte contre les quatre juges qui avaient donné raison à la CABA, pour mise en danger de la vie d’autrui, comme nous dirions chez nous, excès de pouvoir (ils ont invalidé une disposition nationale au profit d’une institution provinciale), défaut d’expertise (aucun expert compétent n’a été commis par les juges).
Le Diario Popular indique que l’Argentine s’est associée à 24 pays (sur 47) pour voter la résolution demandant une enquête sur des possibles violations des droits de l’homme en Israël et Palestine, à la Commission des Droits de l’homme de l’ONU. Un vote que la Chancellerie argentine a défendu en affirmant sa conformité avec le vœu exprimé par la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’organisation internationale, Michelle Bachelet (Celle-ci avait notamment affirmé que «Les bombardements d’Israël sur Gaza pourraient être considérés comme des crimes de guerre»). L’enquête vise aussi bien le gouvernement israélien que le Hamas, mais Clarín souligne une certaine hypocrisie dans la résolution, puisque, selon ce journal, le Hamas n’étant pas un état constitué, il ne peut donc être directement concerné par cette enquête. Le quotidien anti péroniste pointe que l’Argentine a uni son vote à celui du Mexique, de la Bolivie, du Venezuela, de la Russie et de la Chine (pays que ce journal ne porte naturellement pas dans son cœur), contre celui de pays amis (et plus démocrates) comme les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Uruguay. Notons que lors de ce vote, le Brésil, l’Italie et la France ont préféré s’abstenir, une position que Clarín met en avant comme ce qu’aurait dû être celle de l’Argentine dans cette affaire.
Et pour finir, pêle-mêle :
On vient de découvrir qu’une résidence de maisons de luxe, fermée comme il se doit, sise à une petite heure de la capitale, piratait son électricité, comme dans un vulgaire bidonville. 38 maisons au tout électrique, grosse facture de rattrapage en prévision (Les propriétaires risquent même six ans de prison !). A lire dans La Nación et le Diario Popular.
Le voyage de notre Président Macron au Rwanda n’a pas suscité beaucoup d’intérêt en Argentine : un seul article, dans Pagina/12, qui rend compte du rapport Duclert et met l’accent sur les responsabilités des divers politiques de l’époque. Mais conclut en constatant que «la vérité finale sur la Rwanda n’est pas encore écrite. Cette vérité est toujours objet de querelles politiques entre adorateurs de Mitterrand et politiciens de droite, et il faudra attendre longtemps avant que l’histoire ne surgisse de l’ombre dans laquelle la culture coloniale et la morale idéologique la tiennent encore enfermée».
Allez, pour nous quitter sur un petit sourire, la blague papale aux fidèles brésiliens venus lui serrer la pince au Vatican. A leur demande : «Saint Père, priez pour nous, les Brésiliens», François aurait répondu tout de go : «Ah vous les Brésiliens, rien ne peut vous sauver. (Le Brésil), c’est beaucoup de Cachaça, et peu de prière !». Provoquant l’hilarité et la bonne humeur générale. Un marrant, Francisco, on vous dit ! A voir en texte et en images sur le Diario Popular !
¡Nada más por el momento !