Littéralement, Río de la Plata signifie « Fleuve de l’argent ». Le métal, bien entendu. C’est ainsi qu’on nomme le gigantesque estuaire du fleuve Paraná, qui sépare l’Uruguay au nord de l’Argentine au sud. A l’origine de ce nom, on trouve une des premières expéditions des conquérants espagnols dans cette région. Elle remonte à 1512, et fut menée par Juan Díaz de Solís, successeur d’Amérigo Vespucci[1] au titre de « Premier pilote » de la Maison Indienne (Casa de Contratación) du Royaume d’Espagne alors gouverné par Fernando II d’Aragon, dit « le Catholique ». Après ce premier contact, Solís revint dans l’estuaire quatre ans plus tard, après la découverte de l’Océan Pacifique par Vasco Nuñez de Balboa en 1513, dans l’espoir de trouver un passage entre les océans. Malheureusement, ce fut aussi sa dernière aventure. A peine débarqués sur le rivage, près de l’actuelle île Martín García (qui doit d’ailleurs son nom à l’un des membres de l’expédition qui y fut enterré), du côté oriental de l’estuaire, actuel Uruguay, ils furent massacrés par les indiens Charrúas. Leurs compagnons restés sur les navires s’enfuirent aussitôt. Une partie d’entre eux réussit à regagner l’Espagne, mais certains, pris dans une tempête au large du Brésil, furent recueillis par des indiens Guarani.
Parmi eux, se trouvait un Portugais, Aleixo García, qui allait avoir une influence importante par la suite dans la diffusion de la légende de la « Sierra de la plata », la Montagne d’argent, un territoire qu’ils allèrent chercher jusqu’aux contreforts de la cordillère des Andes, dans l’actuelle région argentine du Chaco. Ce fut également l’occasion de leur premier contact avec la civilisation Inca, encore inconnue, dont ils se contentèrent de piller une réserve, trouvant là des objets en métaux précieux, dont la découverte laissait entrevoir la supposée richesse de la contrée. Convaincu de l’existence de la Montagne d’argent, un autre explorateur, Vénitien celui-là, Sebastiano Caboto, tenta sa chance à son tour, guidé par un des membres de l’expédition Solís qui était resté vivre auprès des indiens Guarani et prétendait connaître l’emplacement de la fameuse Montagne.
L’expédition fut un échec, et se solda une nouvelle fois par la mort de la plupart des hommes engagés, de maladie ou massacrés par les indiens. Mais la légende, entretenue par les indigènes évoquant devant les survivants l’existence d’une cité fabuleuse, persista encore de nombreuses décennies.
[1] Celui qui, dit-on, a donné son nom au continent, l’Amérique.