Petit tour rapide de la presse française, après la victoire de Javier Milei à l’élection présidentielle argentine. (Compte-rendu de cette élection ici)
Libération a la gueule de bois, soulignant que le monde politique « oscillait entre parallèles avec Trump et Bolsonaro, félicitations polies et silence radio ». Les premières félicitations, et les plus chaleureuses, émanant justement des deux anciens présidents Etatsunien et Brésilien. Faisant le tour des réactions de notre univers politique français, il relève sans surprise l’abattement à gauche (Aurélie Trouvé, LFI : « en attendant de meilleurs lundis matin, les Argentin.e.s restent un grand peuple » ou encore l’écolo Yannicke Jadot : « L’internationale de l’extrême-droite a produit son pire monstre politique, Javier Milei : l’ultra-libéralisme pour sortir des ravages sociaux du libéralisme, le climato-scepticisme face au dérèglement climatique… le négationnisme comme projet. »).
Selon ce même article, et de façon plus inattendue, il semble que la droite ne soit pas trop pressé de se lancer dans les commentaires, tandis qu’à l’étranger, la Russie et la Chine se sont montrées d’une prudence toute diplomatique, face à un futur partenaire très imprévisible. Surtout pour les Chinois, étant donné son anticommunisme virulent.
Le journal ressort par ailleurs pour ses lecteurs cinq articles sur Milei, pour mieux comprendre sa personnalité et son programme.
Au Figaro aussi, on est circonspect, ce qui est moins attendu venant de la part d’un quotidien aussi droitier. On aurait imaginé un poil plus d’enthousiasme. Soulignant l’échec patent du gouvernement précédent, le Fig’ insiste également sur la personnalité clivante et outrancière du vainqueur, et révèle une information étonnante : son adversaire malheureux, Sergio Massa, aurait en son temps apporté un soutien financier au parti de Milei, pour faire monter celui-ci au détriment de la droite classique !
Après avoir rappelé les mesures phares de son programme, comme la suppression des ministères les plus sociaux (Affaires sociales, Education, Droits de la femme) ainsi que du droit à l’avortement, le journal souligne qu’en raison de sa minorité au Parlement, il devra trouver des appuis dans la droite classique. Ceux-ci ne devraient pas manquer : à droite naturellement, mais même chez certains péronistes héritiers de la période Menem, un ancien président lui aussi ultra libéral auquel se réfère parfois Milei.
Autres soutiens nettement moins reluisants : des anciens militaires et tortionnaires des années de plomb, réjouis par les positions de la future vice-présidente en faveur d’une réhabilitation de la dictature de 1976-1983.
Le Monde, enfin, utilise lui aussi la comparaison avec Donald Trump, et anticipe le grand retour de l’intervention du Fonds monétaire international (FMI) dans une économie exsangue.
On n’attend plus que la réaction de la télé Bolloré. Non pardon. On ne l’attend pas. On la connait déjà. Les Argentins sont vraiment un grand peuple.