Un des monuments les plus emblématiques de la capitale fédérale argentine, l’Obélisque de l’avenue 9 de Julio, va subir prochainement, nous raconte le quotidien La Nación, une transformation importante : on va aménager à son sommet une petite salle depuis laquelle le public pourra admirer l’ensemble de la ville, à près de 70 m de hauteur. Un ascenseur sera également installé dans la colonne, afin de gagner le sommet, ainsi qu’au rez-de-chaussée, une petite salle d’exposition retraçant l’historique du monument et de la ville elle-même. (l’article donne des photos en réalité virtuelle)
L’obélisque, c’est un peu la tour Eiffel de Buenos Aires, LE monument qui personnifie le mieux la ville et en représente l’emblème définitif.
Tout comme notre tour parisienne, il est beaucoup moins ancien que la ville elle-même. A son emplacement se situait l’église Saint Nicolas de Bari, sur le clocher de laquelle fut hissé pour la première fois le drapeau argentin en 1812, deux ans après la première déclaration d’autonomie, et quatre ans avant la déclaration définitive de l’indépendance du pays. L’église a dû être démolie en 1931 dans la perspective de créer ce qui constitue toujours une des plus larges avenues du monde : la 9 de julio. Celle-ci ne sera pourtant réellement percée que quelques mois après la construction de l’Obélisque !
C’est en 1936 que pour la première fois on a songé à marquer cet emplacement par un monument significatif. Dans un premier temps, la majorité radicale du parlement avait pensé ériger là un monument à la gloire de l’ancien président Hipólito Irigoyen (1916-1922, puis 1928-1930), mais en février 1936, le président de l’époque, Pedro Justo, privilégiant la célébration du quatre centième anniversaire de la première fondation de la ville, imposa, selon sa formule «la réalisation d’une œuvre singulière rappelant au peuple de la République la véritable importance de cette date. Puisqu’à ce jour il n’existe aucun monument symbolisant l’hommage de la Capitale à la nation entière».
La construction a été confié à l’architecte Alberto Prebisch. C’est lui qui choisira la forme de l’obélisque : «Nous avons choisi cette forme géométrique simple et sans artifice parce c’est la forme traditionnelle des obélisques. Nous l’avons appelé Obélisque parce qu’il fallait bien lui donner un nom. Mais je revendique de pouvoir l’appeler pour ma part, de façon plus simple et générique, « Monument » ».
Profitant, pour asseoir sa base de béton, de la construction simultanée de la ligne B du métropolitain, l’obélisque a été construit en seulement 2 mois, du 20 mars au 23 mai 1936.
Tout comme la Tour Eiffel également, le monument a été l’objet de polémiques et moqueries. Trois ans après sa construction, on pensa même à le démolir, pour «raisons esthétiques, économiques et de sécurité» ! Mais il n’en fut rien, et il devint peu à peu l’emblème définitif et indiscutable de la capitale argentine.
A tel point que lui aussi a servi de symbole de ralliement à diverses causes, écologiques, politiques ou humanitaires. Comme en 1998, quand Greenpeace y avait déployé une banderole au sujet – déjà – du réchauffement climatique, ou en 2005, où il s’était trouvé recouvert d’un gigantesque préservatif rose, pour célébrer la journée mondiale contre le SIDA. Il est régulièrement le point de rencontre de manifestations diverses.