La Gorge du diable est dans les détails (Iguazú)

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DU RIFIFI AUX CHUTES D’IGUAZU !

          Aujourd’hui 25 janvier, une petite information assez peu reprise par les grands journaux argentins, mais qui fait néanmoins un des titres de première page de La Nación.com, nous a conduit à ouvrir également celle du journal régional de la région de Misiones « El Territorio ».
          Nombreux sont les touristes, Argentins ou étrangers, qui passent par le superbe et célébrissime site des chutes d’Iguazú, à la frontière du Brésil et du Paraguay. Probablement le plus bel endroit au monde pour observer des cataractes impressionnantes, autant, sinon plus, que celles de Victoria ou celles du Niagara. En 2019, nous dit La Nación, le site a accueilli un nombre record de visiteurs : 1 635 000 ! Qui se massent sur les passerelles pour mitrailler les chutes et en rapporter des photos qui constitueront le clou de leurs albums de voyage, pour ceux qui en font ! Pour notre part, nous avons fait comme tout le monde, en 2008, dans un site probablement moins bien aménagé qu’il ne l’est aujourd’hui. Depuis, semble-t-il, certaines petites choses ont changé, pour les photographes amateurs comme pour les professionnels, et il ne nous a pas semblé inutile, pour les futurs visiteurs francophones, de les signaler ici.

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          Comme dans la plupart des grands sites touristiques de la planète, sur les passerelles d’observation d’Iguazú officie un certain nombre de photographes professionnels, qui vous mitraillent dès votre arrivée puis vous proposent ensuite d’acheter un ou plusieurs de ces clichés avant de repartir du site. Les photos sont généralement plutôt réussies, il faut bien le dire, et votre portait sur fond de chutes vertigineuses, avec le conjoint et/ou les enfants, peut naturellement constituer un souvenir inoubliable. Bref, malgré le prix plutôt prohibitif de l’objet, on est toujours plus ou moins tenté. Pour ces photographes, c’est un gagne-pain. Ils possèdent une autorisation officielle de l’administration du Parc et paient une patente pour pouvoir arpenter les passerelles et vous tirer le portrait. Jusque là, rien à redire, si ce n’est qu’ils peuvent parfois se montrer un brin importuns. Difficile d’admirer le paysage tranquillou sans être accosté par un de ces marchands du temple qui insiste pour que vous preniez la pose. Mais même si vous acceptez d’être photographié, rien ne vous oblige à acheter, heureusement. Enfin, presque. La mésaventure arrivée à un photographe de presse dernièrement nous a permis d’apprendre une subtilité réglementaire qu’il vaudra mieux savoir pour aller visiter le Parc en toute connaissance de cause. Samedi dernier (23 janvier), un photographe du quotidien régional «El Territorio», Sixto Fariña, venu lui aussi prendre des photos du site, s’est vu assez rudement pris à partie par les gardiens du Parc, son appareil confisqué, et sa carte mémoire effacée. Motif : il n’avait pas sollicité d’autorisation auprès de l’administration. Cette licence est gratuite pour la presse, mais néanmoins obligatoire. Ce sont les photographes officiels du Parc qui sont allés se plaindre, pour « concurrence déloyale ». Une accusation pour le moins étrange, puisque Sixto Fariña, bien entendu, n’avait aucune intention de vendre, lui, ses clichés aux touristes de passage. Certes, il avait omis de demander une autorisation. Et c’est là que le touriste doit prêter un instant d’attention.

La Garganta del Diablo – Photos PR

UN GESTE POUR AIDER LE PETIT COMMERCE SVP !      

          En effet, cette affaire, à travers la lecture attentive des deux articles de La Nación et du Territorio, nous apprend que depuis deux ans, les touristes doivent – en plus du prix d’entrée dans le Parc – s’acquitter d’un droit supplémentaire pour pouvoir entrer sur la passerelle la plus populaire – car la plus impressionnante – celle de la «Gorge du Diable» (Garganta del diablo) : à savoir, l’équivalent… du prix d’une photo de photographe professionnel ! Ainsi, rapporte El Territorio, «l’administration du Parc, aujourd’hui dirigée par Sergio Acosta, s’arroge le monopole du meilleur point de vue sur les chutes, pour le bénéfice de quelques-uns». (Par ailleurs, indique La Nación, toute une zone de la passerelle est strictement réservée aux professionnels, et interdite aux touristes, les privant ainsi d’un des meilleurs postes de photographie du lieu).
          Au-delà du malheureux incident concernant ce photographe de presse, et d’un certain abus de pouvoir des gardiens du Parc (qui n’avaient aucune qualité pour confisquer son appareil, et encore moins en vider le contenu), les touristes sont prévenus : plus question de photographier la «Garganta del diablo» gratis. Nul doute que la corporation des photographes professionnels du Parc a de l’influence : même le changement de gouvernement récent n’a pas amené l’administration à changer ce qui constitue, de notre point de vue, une forme d’impôt au bénéfice d’un groupe privé !
          L’histoire ne dit pas si le paiement de cette taxe supplémentaire vous donne droit… à une photo gratuite !

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