Ce lundi, la presse argentine semble délaisser ce qui faisait les principaux titres ces derniers jours, à savoir l’accord signé entre l’état et le F.M.I. Celui-ci devrait permettre à l’Argentine, en grande difficulté financière, d’étaler sa dette colossale et de pouvoir un peu renflouer ses caisses. L’accord a été approuvé par la majorité du parlement, tout en provoquant des frottements internes dans les différents partis. En effet, à droite, la philosophie est d’ordinaire plutôt favorable au F.M.I., mais étant actuellement dans l’opposition, certains se voyaient mal approuver un accord négocié par un gouvernement qu’ils abhorrent. Côté péroniste au contraire, cet accord avec le gendarme financier du monde libéral fait grincer quelques dents. Au final, on a donc assisté à un vote trans-courant.
L’accord signé, la presse peut donc s’éloigner un peu des thèmes de politique intérieure. Ce qui fait la une aujourd’hui, c’est donc naturellement la guerre en Ukraine. Le quotidien Clarín en fait l’essentiel de sa une de ce lundi, en développant trois grands axes : les bombardements sur la base de Yavoriv, les réfugiés (ici, en se concentrant sur ceux accueillis par l’Espagne), et une série de tribunes sur la psychologie du président russe, de la fabrication d’un dictateur au désir de Poutine d’effacer les erreurs commises par Lénine et Staline, en passant par la jalousie de Wladimir le petit.
Dans l’ensemble, le ton de la presse argentine est largement défavorable au leader russe, y compris dans les journaux de gauche, même si Gerardo Szalkowics, dans Pagina/12, renvoie dos à dos Russes et occidentaux en ce qui concerne la responsabilité du conflit, les uns menant une invasion «brutale et inhumaine», les autres et notamment l’OTAN, ne respectant aucun des accords diplomatiques pris avec la Russie concernant le thème de la sécurité des frontières et la neutralisation des zones proches de la Russie. (Voir notre résumé de cet article ici).
La Nación, autre quotidien plutôt situé à droite, relève le changement de position du gouvernement péroniste vis-à-vis du président Russe, jusqu’à il y a peu considéré comme un partenaire fiable. Ce changement, selon La Nación, aurait provoqué de fortes dissensions au sein du gouvernement, et entrainé la démission de certains membres du ministère des Affaires étrangères. Le quotidien indique que «L’invasion et ses conséquences atroces sur les populations civiles ont éteint les voix qui à l’intérieur du gouvernement défendaient les liens politiques et commerciaux avec le président russe, auquel le président argentin Alberto Fernández avait offert l’Argentine comme portail d’entrée sur le continent il y seulement un peu plus d’un mois. Mais les tensions persistent et ceux qui défendaient cette position ont été réduits au silence ou discrètement écartés, en même temps que les liens avec les Etats-Unis (…) ont été renforcés concomitamment avec la signature de l’accord avec le F.M.I.»
On notera néanmoins la différence de couverture du conflit par ces deux principaux quotidiens argentins, La Nación restant davantage centré sur les thématiques nationales. C’est le cas également du journal de gauche Pagina/12, qui ne propose qu’un article en une sur l’Ukraine, de nature factuelle. Ce qui est le cas également du Diario Popular, qui s’attarde cependant sur la mort d’un journaliste abattu au nord de Kiev et les menaces de Biden affirmant que l’OTAN répliquerait en cas de franchissement de frontière des Russes vers un pays de l’Alliance.
Ce qui préoccupe également les quotidiens argentins en ce lundi, outre le conflit, c’est surtout l’augmentation du carburant, qui devrait prendre environ 10% dans les jours à venir et la suspension des exportations d’huile de soja et de farine (Avec en préparation une augmentation des taxes prélevées aux différents secteurs sur les exportations).
Pour l’anecdote, notons que Clarín parle de notre PSG en une aujourd’hui. Pour souligner qu’après la (nouvelle) honteuse défaite face à un rival espagnol, les supporters s’en prennent, entre autres, à l’icône argentine Leo Messi et au non moins argentin entraineur Mauricio Pochettino. Le seul épargné aura été le Français Kylian M’Bappé, qui, fait malicieusement remarquer le quotidien, serait annoncé l’an prochain… au Real Madrid.